Solennité du Christ Roi de l’univers – Messe du 25 novembre 2001 – Homélie du Père Daniel Meynem –

Première lecture
Lecture du second livre de Samuel (5,1-3).
Toutes les tribus d’Israël vinrent auprès de David à Hébron et dirent : «Nous voici, nous sommes tes os et ta chair. Autrefois déjà, quand Saül régnait sur nous, c’était toi qui sortais et rentrais avec Israël, et le seigneur t’a dit : C’est toi qui paîtras mon peuple Israël et c’est toi qui deviendras chef d’Israël.» Tous les anciens d’Israël vinrent donc auprès du roi à Hébron, le roi David conclut un pacte avec eux à Hébron, en présence du Seigneur, et ils oignirent David comme roi sur Israël.

Psaume 121
Ton règne, Seigneur, est un règne de paix
Ou bien : Voici la ville de Dieu, voici la ville de Paix !

Quelle joie quand on m’a dit :
« Allons à la maison du Seigneur ! »
Enfin notre marche prend fin
Devant tes portes, Jérusalem!

Jérusalem, bâtie comme une ville
où tout ensemble fait qu’un !
Là où montent les tribus, les tribus du Seigneur,
Là qu’Israël doit rendre grâce au nom du Seigneur.

Car ils sont là, les sièges du jugement,
Les sièges de la maison de David.
Appelez la paix sur Jérusalem :
« que la paix règne dans tes murs ! »

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2ème lecture
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Colosiens (1, 12-20)
.
Frères, rendez drâce à Dieu le Père qui vous a mis en mesure de partager le sort des saints dans la lumière. Il nous a en effet arrachés à l’empire des ténèbres et nous a transférés dans le Royaume de son Fils bien-aimé, en qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés. Il est l’Image du Dieu invisible, Premier-Né de toute créature, car c’est en lui qu’ont été créées toutes choses, dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, Trônes, Seigneuries, Principautés, Puissances; tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toutes choses et tout subsiste en lui. Et il est aussi la Tête du Corps, c’est-à-dire de l’Église : Il est le Principe, Premier-Né d’entre les morts, il fallait qu’il obtînt en tout la primauté, car Dieu s’est plu à faire habiter en lui toute la Plénitude et par lui à réconcilier tous les êtres pour lui, aussi bien sur la terre que dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix.

Alléluia, alléluia.
Béni soit le règne de David notre Père, le Royaume des temps nouveaux ! Béni soit au nom du Seigneur Celui qui vient ! Alléluia !

Evangile de Jésus Christ selon saint Luc (23, 35-43)

On venait de crucifier Jésus, et le peuple se tenait là, à regarder. Les chefs, eux, se moquaient : «Il en a sauvé d’autres, disaient-ils; qu’il se sauve lui-même, s’il est le Christ de Dieu, l’Élu!» Les soldats aussi se gaussèrent de lui : s’approchant pour lui présenter du vinaigre, ils disaient : «Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même!» Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : «Celui-ci est le roi des Juifs.» L’un des malfaiteurs suspendus à la croix l’injuriait : «N’es-tu pas le Christ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi.» Mais l’autre, le reprenant, déclara : «Tu n’as même pas crainte de Dieu, alors que tu subis la même peine! Pour nous, c’est justice, nous payons nos actes; mais lui n’a rien fait de mal.» Et il disait : «Jésus, souviens-toi de moi, lorsque tu viendras avec ton royaume.» Et il lui dit : «En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis.

Homélie :

“Arrivés au lieu dit Calvaire, on y crucifia Jésus, ainsi que les malfaiteurs, l’un à droite, l’autre à gauche. La foule se tenait là et regardait.”

Pour cette fête du Christ Roi de l’Univers, en ce dernier dimanche de l’année liturgique, l’Eglise nous propose un évangile violent, déchaîné, passionné. C’est que la Royauté du Christ a été contestée dès le début de son histoire : à peine apparu en ce monde, déjà, le
Christ Roi était rejeté et persécuté ! Après que les Mages eurent demandé au Roi Hérode : “Où est le Roi des Juifs qui vient de naître ?” (Mt. 2, 2), ce despote sans pitié fit massacrer quantité de petits enfants : les premiers martyrs de la royauté du Christ !

Il faut en effet avoir beaucoup de courage pour reconnaître Jésus comme le Roi de l’Univers… “La foule se tenait là et regardait,” dit Saint Luc. Quelle est cette foule ? Qui sont ces gens ? Ne sont-ce pas ceux qui, cinq jours auparavant, ont acclamé Jésus au cri
de “Béni soit le roi qui vient au nom du Seigneur !” (Lc. 19, 38) ? En effet, ce sont les mêmes… hélas… Les voix qui crient sont les mêmes, mais les esprits ont changé… Comment est-ce possible ? Pourquoi un tel revirement de situation ?

C’est que l’Esprit-Saint, l’Esprit d’Amour, n’est pas encore venu sur eux… Ils n’ont pas encore reçu cette force d’en-haut (cf. Lc. 24, 49) qui leur permettra un jour de témoigner de la royauté du Christ, jusqu’à répandre leur propre sang pour l’amour de son règne. Bientôt, le jour de la Pentecôte, cette même foule, ou tout au moins un partie d’entre elle, répondra à l’appel de conversion que les Apôtres lanceront, elle se repentira de sa lâcheté, et formera les premiers
groupes de chrétiens qui, sous un seul Esprit, ne formera plus “qu’un coeur et qu’une âme” (Ac. 4, 32) !

“Les magistrats ricanaient : «Il a sauvé les autres, disaient-ils ; qu’il se sauve lui-même, s’il est le Christ, l’élu de Dieu !» Les soldats aussi le raillaient ; ils s’approchaient, lui présentaient du
vinaigre, et disaient : «Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même.» Au-dessus de lui se trouvait l’inscription : «Celui-ci est le roi des Juifs.»”

Au-dessus de Jésus crucifié, se trouvait une inscription : “Celui-ci est le roi des Juifs.” C’est vrai : Jésus est le Roi des Juifs, et les premiers chrétiens étaient des Juifs. Cela veut dire, que, en son point de départ, l’Eglise forme avec le Christ, non seulement une unité spirituelle, mais aussi un peuple, une nation, au vrai sens du terme. Certes, depuis l’admission des non-Juifs dans l’Eglise, c’est l’unité spirituelle qui prévaut, et le Royaume du Christ, qui aurait
pu être visible et tangible en tant que peuple et nation, est aujourd’hui relégué dans l’univers invisible des coeurs et des âmes.

Jésus l’a dit : “Le royaume de Dieu est au dedans de vous.” (Lc. 17, 21) C’est l’aspect spirituel du Règne de Dieu, beaucoup plus important que son aspect extérieur et corporel. Car, si les Juifs, qui acclamèrent Jésus Roi lors de son entrée triomphale à Jérusalem le dimanche des Rameaux , avaient eu le règne de Dieu en eux, alors, sans nul doute, avec l’aide de la grâce de l’Esprit-Saint, ils auraient proclamé leur foi en Jésus Roi des Juifs cinq jours plus tard, au pied
de la Croix du Calvaire ! Mais un jour viendra où les Juifs se convertiront et reconnaîtront Jésus pour leur Messie et pour leur Roi. Alors, avec toute l’Eglise, ils pourront acclamer Jésus Roi des Juifs et Roi de l’Univers, comme s’ils avaient été là, au pied de la Croix du Calvaire…

“Or, l’un des malfaiteurs ainsi suspendus l’injuriait : «Puisque tu es le Christ, sauve-toi toi-même, et sauve-nous !» Mais l’autre reprit : «Comment ! dit-il, tu n’as pas la crainte de Dieu, alors que tu subis la même condamnation ? Pour nous, c’est justice. Nous recevons ce
que nos crimes ont mérité ; mais lui n’a rien fait de mal.» Et il ajouta : «Jésus, souviens-toi de moi quand tu reviendras dans ta majesté royale !» Et Jésus lui répondit : «Je te le déclare en
vérité, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis.»”

Si le Royaume de Dieu est au dedans de nous, si Dieu habite en nos coeurs, il n’y a pourtant pas de doute que, lors du Retour du Seigneur en Gloire, ce Royaume se manifestera au grand jour : il ne sera plus caché, mais il brillera en pleine lumière ! Mais alors, ce ne sera plus seulement le Règne de l’Amour, mais aussi le Règne de la Justice ! Quand chaque homme, chaque femme, quand vous et moi paraîtrons face à face avec le Roi de l’Univers, alors, chacun rendra justice au Seigneur : chacun se reconnaîtra, oui ou non, fidèle sujet de ce grand
Roi.

Ainsi, un des deux malfaiteurs cloués en croix aux côtés de Jésus reconnaît que ce qu’il souffre en ce moment est juste : “Pour nous, c’est justice.” Il reconnaît avoir fait le mal, mais l’acceptation de sa punition prouve qu’il est repentant et qu’il espère du fond de son
coeur obtenir le pardon de Dieu… Il s’adresse donc à Jésus, qu’il reconnaît comme le Roi des Juifs, et lui dit : “Jésus, souviens-toi de moi quand tu reviendras dans ta majesté royale !” Ce “bon larron”, connu sous le nom de Saint Dismas, rend déjà justice au Règne de Dieu et appelle de tout son coeur, sous l’influence de l’Esprit-Saint, le Retour du Seigneur en Gloire !

“Je te le déclare en vérité, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis.” Ces paroles de Jésus sont sans équivoque : Dismas est avec lui dans le Ciel ! Mais, aujourd’hui, nous pouvons, nous aussi, espérer pareille récompense. Si, dignement, nous communions au Corps
du Christ, alors, nous rendons justice au Règne de Dieu, nous reconnaissons Jésus Roi des Juifs et Roi de l’Univers, non seulement dans notre coeur, mais aussi dans toute notre personne : déjà, nous appelons le retour du Seigneur Jésus !

Que la Très Sainte Vierge Marie, présente au pied de la Croix du Calvaire, nous aide à rendre justice au Règne de Dieu par toute la terre !
Amen !

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