Messe du 17 février 2002 – 1er dimanche de Carême –

Lecture du livre de la Genèse (2, 7-9 ;3-7)

Au temps où le Seigneur Dieu modela l’homme avec la poussière tirée du sol ; il insuffla dans ses narines le souffle de vie, et l’homme devint un être vivant. Le Seigneur Dieu planta un jardin en Éden, à l’orient, et y plaça l’homme qu’il avait modelé. Le Seigneur Dieu fit pousser du sol toute sorte d’arbres à l’aspect attirant et aux fruits savoureux ; il y avait aussi l’arbre de vie au milieu du jardin, et l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Or le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que le Seigneur Dieu avait fait. Il dit à la femme : « Alors, Dieu vous a dit : ‘Vous ne mangerez le fruit d’aucun arbre du jardin’» La femme répondit au serpent : « Nous mangeons les fruits des arbres du jardin. Mais, pour celui qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : ‘Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas, sinon vous mourrez.’ » Le serpent dit à la femme : « Pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. » La femme s’aperçut que le fruit de l’arbre devait être savoureux, qu’il avait un aspect agréable et qu’il était désirable, puisqu’il donnait l’intelligence. Elle prit de ce fruit, et en mangea. Elle en donna aussi à son mari, et il en mangea. Alors leurs yeux à tous deux s’ouvrirent et ils connurent qu’ils étaient nus.

Psaume 50

Pitié, Seigneur car nous avons péché
Ou bien
Détourne ta face de mas fautes,
Enlève tous mes péchés.

Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
Lave-moi tout entier de ma faute,
purifie-moi de mon offense.

Oui, je connais mon péché,
ma faute est toujours devant moi.
Contre toi, et toi seul, j’ai péché,
ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait.

Crée en moi un coeur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.
Ne me chasse pas loin de ta face,
ne me reprends pas ton esprit saint.

Rends-moi la joie d’être sauvé ;
que l’esprit généreux me soutienne.
Seigneur, ouvre mes lèvres,
et ma bouche annoncera ta louange.

Lecture de la lettre de Saint Paul Apôtre aux Romains (5, 12-19)

Frères, par un seul homme, Adam, le péché est entré dans le monde, et par le péché est venue la mort ; et ainsi, la mort est passée en tous les hommes, du fait que tous ont péché. Avant la loi de Moïse, le péché était déjà dans le monde. Certes, on dit que le péché ne peut être sanctionné quand il n’y a pas de loi ; mais pourtant, depuis Adam jusqu’à Moïse, la mort a régné, même sur ceux qui n’avaient pas péché par désobéissance à la manière d’Adam. Or, Adam préfigurait celui qui devait venir. Mais le don gratuit de Dieu et la faute n’ont pas la même mesure. En effet, si la mort a frappé la multitude des hommes par la faute d’un seul, combien plus la grâce de Dieu a-t-elle comblé la multitude, cette grâce qui est donnée en un seul homme, Jésus Christ.
Le don de Dieu et les conséquences du péché d’un seul n’ont pas la même mesure non plus : d’une part, en effet, pour la faute d’un seul, le jugement a conduit à la condamnation ; d’autre part, pour une multitude de fautes, le don gratuit de Dieu conduit à la justification. En effet, si, à cause d’un seul homme, par la faute d’un seul homme, la mort a régné, combien plus, à cause de Jésus Christ et de lui seul, régneront-ils dans la vie, ceux qui reçoivent en plénitude le don de la grâce qui les rend justes.
Bref, de même que la faute commise par un seul a conduit tous les hommes à la condamnation, de même l’accomplissement de la justice par un seul a conduit tous les hommes à la justification qui donne la vie. En effet, de même que tous sont devenus pécheurs parce qu’un seul homme a désobéi, de même tous deviendront justes parce qu’un seul homme a obéi.

Ta parole Seigneur est vérité, et ta loi délivrance
L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole venant de la bouche de Dieu.
Ta Parole, Seigneur est vérité, et ta loi délivrance.

Evangile de Jésus Christ, selon saint Mathieu (4,1-11)

“Jésus fut conduit au désert par l’Esprit, afin d’être tenté par le diable. Il jeûna quarante jours et quarante nuits, puis il eut faim. Le Tentateur s’approcha : «Si tu es Fils de Dieu, lui dit-il, ordonne que ces pierres se changent en pains.» Jésus répondit : «Il est écrit : “L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu” (Deut. 8, 3).»”Le diable l’emmena ensuite dans la ville sainte, et le plaça au sommet du temple : «Si tu es Fils de Dieu, lui dit-il, jette-toi en bas, car il est écrit : “Dieu a donné pour toi des ordres à ses anges ; ils te soutiendront de leurs mains de peur que ton pied ne heurte une pierre” (Ps. 90, 11-12).» Jésus lui dit : «Il est écrit aussi : “Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu” (Deut. 6, 16).»”Le diable l’emmena encore sur une haute montagne et lui montra tous les royaumes du monde avec leur opulence : «Tout cela, lui dit-il, je te le donnerai, si tu te prosternes pour me rendre hommage.» «Arrière, Satan, lui dit alors Jésus, car il est écrit : “Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et tu ne serviras que lui seul” (Deut. 6, 13).»”Cette fois le diable le laissa ; et alors des anges s’approchèrent et ils le servaient.”

Homélie :

“Jésus fut conduit au désert par l’Esprit, afin d’être tenté par le diable. Il jeûna quarante jours et quarante nuits, puis il eut faim. Le Tentateur s’approcha : «Si tu es Fils de Dieu, lui dit-il, ordonne que ces pierres e changent en pains.» Jésus répondit : «Il est écrit : “L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu” (Deut. 8, 3).»”
Nous le croyons et nous le savons : Jésus est le Fils de Dieu ! Jésus est cet Homme en qui le Fils du Père est incarné et sur qui l’Esprit de Dieu repose en plénitude ! “Jésus fut conduit au désert par l’Esprit…” La vie de Jésus n’est pas une vie ordinaire ; la vie du chrétien n’est pas non plus une vie ordinaire. Jésus vient dans le monde pour apporter l’Esprit-Saint qui doit tout sanctifier pour la Gloire de la Divine Trinité ; le chrétien apporte au monde sa foi en Dieu pour que cette partie du monde qu’il côtoie chaque jour soit sanctifiée par l’Esprit de Jésus !
Il n’y a rien d’ordinaire dans la vie du chrétien : il a été baptisé et confirmé dans l’Esprit-Saint ; chaque dimanche, peut-être même chaque jour, il reçoit l’Eucharistie pour devenir toujours davantage fils de Dieu par adoption, bien-aimé du Père, enfant de Marie, Mère de l’Eglise et de tous les hommes ! Chaque jour, le Ciel attend que le chrétien adresse une prière à Dieu et tourne son esprit vers les réalités d’en-haut, afin que cette force venue d’en-haut (cf. Lc. 24, 49), la Puissance de l’Esprit-Saint, se manifeste plus largement de par le monde !
Voilà l’idéal ! Je n’ai pas dit : “Voilà de l’idéalisme.” Non. Cet idéal est quelque chose de concret et de réel, quelque chose qui est tout à fait possible, et que, grâce à Dieu, nous faisons tant bien que mal, au fil des jours, année après année… Mais il y a des haut et
des bas, des moments où tout cela est facile, et d’autres où le découragement nous guette… Pourquoi ? Car l’esprit du mal, le démon, est à l’oeuvre… Sans cesse, il essaie de nous faire perdre espoir ; sans cesse, il met tout en oeuvre pour nous empêcher de penser au Ciel !
Jésus a été tenté par le démon : il a été tenté de mettre au premier plan sa satisfaction corporelle, pour reléguer au second plan le service de son Père. Le démon a tenté Jésus de manger du pain, fait à partir des pierres du désert, mais le Seigneur a préféré rester fidèle à son devoir et il a continué de servir son Père comme Pain vivant spirituel offert au monde entier pour le salut de tous les hommes. L’esprit l’a emporté sur la chair. Bien que l’esprit n’ait pas détruit la chair. Car tout doit se faire avec prudence et modération. L’esprit doit dominer la chair, sans pour autant la détruire.
“Le diable l’emmena ensuite dans la ville sainte, et le plaça au sommet du temple : «Si tu es Fils de Dieu, lui dit-il, jette-toi en bas, car il est écrit : “Dieu a donné pour toi des ordres à ses anges ; ils te soutiendront de leurs mains de peur que ton pied ne heurte une pierre” (Ps. 90, 11-12).» Jésus lui dit : «Il est écrit aussi : “Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu” (Deut. 6, 16).»”
En lisant ce texte aujourd’hui, je ne peux m’empêcher de penser à tous ceux et celles qui pratiquent ce genre de sport appelé “saut à l’élastique” : ils sautent du haut d’un pont attachés aux pieds par un élastique très solide et très extensible à la fois. Ils sont attachés, car ils ne veulent nullement se suicider : au contraire, ils prennent un maximum de précautions pour sauvegarder leur vie. Ici, dans le cas de la tentation de Jésus par le démon, c’est tout le contraire : Jésus est tenté de ne prendre aucune précaution pour sa vie, laissant alors à Dieu seul le soin de veiller à faire un miracle ! Mais Jésus réfute la tentation, disant : “Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu.” Attention ! Nous sommes entièrement responsables de nous-mêmes ! Encore une fois, nous devons être prudents, très prudents. Prenons d’abord toutes les précautions que nous pouvons, et ensuite, abandonnons-nous entièrement à la Providence divine…”Le diable l’emmena encore sur une haute montagne et lui montra tous
les royaumes du monde avec leur opulence : «Tout cela, lui dit-il, je te le donnerai, si tu te prosternes pour me rendre hommage.» «Arrière, Satan, lui dit alors Jésus, car il est écrit : “Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et tu ne serviras que lui seul” (Deut. 6, 13).»”
S’il y a un point où Satan semble avoir fort bien réussi aujourd’hui, c’est dans l’asservissement de presque toutes les élites du monde. A part quelques personnages vivant çà et là, dont le Pape Jean-Paul II, où voit-on encore des personnalités marquantes, signes et repères pour les nations du monde entier ? Ceux qui tirent les ficelles de la machine internationale sont bien cachés dans l’ombre… “Si tu te prosternes pour me rendre hommage”, dit Satan à Jésus… Celui qui se prosterne devant le démon reste couché et applati par terre : jamais, il ne se relèvera. Il n’en est pas de même vis à vis de Dieu. Celui qui se prosterne devant Dieu, le Seigneur l’élève : “Quiconque s’élèvera sera abaissé, et quiconque s’abaissera sera élevé.” (Mt. 23, 12)
N’ayons pas peur ! Relevons-nous ! “Redressez-vous, dit le Seigneur, et relevez la tête, car votre délivrance approche.” (Lc. 21, 28) Faisons confiance à la Très Sainte Vierge Marie, notre Mère ! Debout au pied de la Croix de son Fils, elle n’a jamais perdu espoir et nulle tentation du démon n’a jamais pu la décourager ! Que, par Marie, tous nous soyons forts et saints dans l’Esprit de Dieu !

Père Daniel Meynen – http://homily-service.net
Site internet : http://communion.free.fr

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