Messe du 10 février 2002 – 5ème dimanche du temps ordinaire –

Lecture du livre d’Isaïe (58, 7-10)
Partage ton pain avec celui qui a faim, recueille chez toi le malheureux sans abri, couvre celui que tu verras sans vêtement, ne te dérobe pas à ton semblable.
Alors ta lumière jaillira comme l’aurore, et tes forces reviendront rapidement. Ta justice marchera devant toi, et la gloire du Seigneur t’accompagnera.
Alors, si tu appelles, le Seigneur répondra ; si tu cries, il dira : « Me voici. » Si tu fais disparaître de ton pays le joug, le geste de menace, la parole malfaisante, si tu donnes de bon coeur à celui qui a faim, et si tu combles les désirs du malheureux, ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera comme la lumière de midi

Psaume 111

Dans la nuit de ce monde, brille la lumière du juste.
Ou bien :
Sa lumière jaillira comme l’aurore.

Heureux qui craint le Seigneur,
Lumière des coeurs droits, il s’est levé dans les ténèbres,
homme de justice, de tendresse et de pitié.

L’homme de bien a pitié, il partage
Cet homme jamais ne tombera ;
toujours on fera mémoire du juste.

Il ne craint pas l’annonce d’un malheur :
le coeur ferme, il s’appuie sur le Seigneur.
Son coeur est confiant, il ne craint pas

A pleines mains, il donne au pauvre ;
à jamais se maintiendra sa justice,
sa puissance grandira, et sa gloire !

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens. (2, 1-5)

Frères, quand je suis venu chez vous, je ne suis pas venu vous annoncer le mystère de Dieu avec le prestige du langage humain ou de la sagesse. Parmi vous, je n’ai rien voulu connaître d’autre que Jésus Christ, ce Messie crucifié. Et c’est dans la faiblesse, craintif et tout tremblant, que je suis arrivé chez vous. Mon langage, ma proclamation de l’Évangile, n’avaient rien à voir avec le langage d’une sagesse qui veut convaincre ; mais c’est l’Esprit et sa puissance qui se manifestaient, pour que votre foi ne repose pas sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu.

Alléluia, alléluia.
Lumière du monde, Jésus Christ, celui qui marche à ta suite aura la lumière de la vie.
Alléluia !

Evangile de Jésus Christ selon saint Mathieu (5, 13-16)

“Jésus disait : «Vous êtes le sel de la terre. Si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ? Il n’est plus bon qu’à être jeté dehors et foulé par les hommes.
“«Vous êtes la lumière du monde. Une ville sise en haut d’une montagne ne peut rester cachée ; on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire afin d’éclairer tous ceux qui sont dans la maison. Que votre lumière luise si bien devant les hommes, qu’à la vue de vos bonnes oeuvres, ils glorifient votre Père qui est dans les cieux.»”

Homélie :

“Jésus disait : «Vous êtes le sel de la terre.»”
Quand Dieu créa l’homme, il prit de la terre et façonna un corps d’homme. Ensuite, il souffla dans les narines de l’homme, et l’homme devint un être vivant. C’est ce que raconte le Livre de la Genèse : “Le Seigneur Dieu forma l’homme avec la poussière du sol, et il lui insuffla dans les narines un souffle de vie, et l’homme devint un être vivant.” (Gn. 2, 7) L’homme est fait de terre, de poussière de terre… Dans quelques jours, nous allons recevoir un peu de poussière de cendres sur la tête, afin que nous nous souvenions de notre condition première. Le prêtre nous dira alors : “Memento homo, quia pulvis es et in pulverem reverteris”, “Souviens-toi, homme, que tu es poussière et que tu retourneras en poussière.”Cette sentence humiliante est tirée de ce passage de la Genèse, alors que Dieu enjoint à l’homme de travailler pour expier le péché qu’il vient de commettre : “Dieu dit ensuite à l’homme : « (…) C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras le pain, jusqu’à ce que tu retournes à la terre dont tu as été tiré ; car tu es poussière, et tu retourneras en poussière.»” (Gn. 3, 17-19) Ainsi, à cause de son péché, l’homme, fait de poussière de terre, est obligé de travailler pour gagner son pain… Un travail parfois dur et pénible, un travail qui le fait suer ! Bref, un travail, une entreprise, une oeuvre, qui fait sortir de cette terre ce liquide “salé” que l’on nomme sueur… Jésus disait donc : “Vous êtes le sel de la terre.” Autant dire : “Vous êtes des travailleurs !” Le Chrétien est un travailleur, il gagne son pain à la sueur de son front ! C’est là le premier et le plus bel exemple que le chrétien peut donner au monde : le travail personnel pour nourrir sa famille. N’est-ce pas ce que Jésus a fait jusqu’à l’âge de trente ans, avant de commencer son annonce de la Bonne Nouvelle ? N’est-ce pas ce que Jésus a fait à l’imitation de Saint Joseph, son père nourricier ? N’est-ce pas ce que tant d’hommes et de femmes ont fait dans le passé et accomplissent encore aujourd’hui pour procurer à leurs enfants une vie heureuse ?
“«Si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ? Il n’est plus bon qu’à être jeté dehors et foulé par les hommes.»”
Il y a sel et sel… Il y a travail et travail… Le chrétien doit réaliser un travail chrétien… Mais qu’est-ce qu’un travail chrétien ?Jésus nous l’a déjà dit : “Au lieu de travailler pour la nourriture qui périt, travaillez pour celle qui subsiste jusque dans la vie éternelle et que le Fils de l’Homme vous donnera.” (Jn. 6, 27) Ainsi, le travail chrétien doit avoir pour but la vie éternelle, cette vie qui est celle de Dieu même et qui nous sera donnée en partage dans le Christ Jésus. Le travail chrétien ne se réalise pas seulement pour gagner son pain de la terre, mais aussi, et d’abord, pour recevoir de Dieu le Pain vivant qui est Jésus lui-même ! Le vrai sel de la terre doit donner du goût au Pain de la Vie éternelle !
“«Vous êtes la lumière du monde.»”
De cette poussière, de cette poussière de terre, jaillit une lumière : la lumière du monde ! “Vous êtes la lumière du monde”, dit Jésus. Quel contraste ! L’homme pécheur qui peine et travaille pour gagner son pain à la sueur de son front, cet homme, cette femme, est la lumière du monde ! Rien d’étonnant, pourtant. Car le chrétien, qui est l’homme véritable, est un autre Christ ! Or, le Christ est mort et… ressuscité ! Le Christ est ressuscité, il s’est levé et est sorti du tombeau obscur pour manifester éternellement ce qu’il est : la Lumière de Dieu ! “Le Verbe était la véritable Lumière qui, venant dans le monde, éclaire tout homme.” (Jn. 1, 9) Ainsi, à la suite du Christ, le chrétien, mort et ressuscité par le baptême et par l’Eucharistie Pain de Dieu, le chrétien est la lumière du monde !
“«Une ville sise en haut d’une montagne ne peut rester cachée ; on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire afin d’éclairer tous ceux qui sont dans la maison. Que votre lumière luise si bien devant les hommes, qu’à la vue de vos bonnes oeuvres, ils glorifient votre Père qui est dans les cieux.»”
Comment le chrétien va-t-il briller aux yeux du monde ? Par ses bonnes oeuvres ! Qui consisteront d’abord par une vie de foi aimante, tournée vers les réalités du Ciel. A la question : “Que faire pour travailler aux oeuvres de Dieu ?”, Jésus répondit : “L’oeuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé.” (Jn. 6, 28-29) Et cette foi en Jésus Christ va se concrétiser de plusieurs manières : respect de la Loi de Dieu, respect de la vie humaine, respect de la loi naturelle. Le chrétien doit briller par son humilité, par sa générosité, par sa charité qui aura toujours pour but ultime la proclamation de la vérité !
Le monde actuel est tellement ignorant de la vérité que notre première charité doit être de proclamer tout ce que nous savons de Jésus Christ et de son message aux hommes de bonne volonté. Que notre connaissance soit petite ou grande, n’hésitons pas à parler de Jésus et de son évangile ! Chaque chrétien est missionnaire, et, aujourd’hui, la mission doit d’abord s’accomplir ici, tout près de nous, chez notre voisin de rue ou de palier !
Lumière du monde dans la cendre et la poussière, tout homme, toute femme doit remplir sa mission ! Chaque dimanche, le chrétien est invité à se nourrir du Pain de Vie, comme s’il était déjà arrivé au bout de sa course, mais aussi et surtout pour repartir sur les chemins du monde, plein de la Force de l’Esprit ! Que la Très Sainte Vierge Marie nous aide tous et chacun à être de vraies lumières, pour la Gloire du Père !

Père Daniel Meynen – http://homily-service.net
Site internet : http://communion.free.fr

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