Messe du Dimanche 13 janvier 2002 – Baptême du Seigneur

Lecture du livre d’Isaïe

Ainsi parle le Seigneur : Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui j’ai mis toute ma joie. J’ai fait reposer sur lui mon esprit ; devant les nations il fera paraître le jugement que j’ai prononcé.
Il ne criera pas, il ne haussera pas le ton, on n’entendra pas sa voix sur la place publique. Il n’écrasera pas le roseau froissé, il n’éteindra pas la mèche qui faiblit, il fera paraître le jugement en toute fidélité. Lui ne faiblira pas, lui ne sera pas écrasé, jusqu’à ce qu’il impose mon jugement dans le pays, et que les îles lointaines aspirent à recevoir ses instructions.
Ainsi parle Dieu, le Seigneur, qui crée les cieux et les déploie : il dispose la terre avec sa végétation il donne la vie au peuple qui l’habite, et le souffle à ceux qui la parcourent : Moi, le Seigneur, je t’ai appelé selon la justice, je t’ai pris par la main, je t’ai mis à part, j’ai fait de toi mon Alliance avec le peuple et la lumière des nations ; tu ouvriras les yeux des aveugles, tu feras sortir les captifs de leur prison, et de leur cachot ceux qui habitent les ténèbres.
Psaume 28

Dieu, bénis ton peuple, donne –lui la paix.

Rendez au Seigneur, vous, les dieux,
rendez au Seigneur gloire et puissance.
Rendez au Seigneur la gloire de son nom, adorez le Seigneur, éblouissant de sainteté.

La voix du Seigneur domine les eaux,
le Seigneur domine la masse des eaux.
Voix du Seigneur dans sa force,
voix du Seigneur qui éblouit,

Le Dieu de la gloire déchaîne le tonnerre.
Et tous dans son temple s’écrient :
« Gloire ! »Au déluge le Seigneur a siégé ;
Il siège, le Seigneur, il est roi pour toujours !

Lecture du livre des Actes des Apôtres (10, 34-38)

Quand Pierre arriva à Césarée, chez un centurion de l’armée romaine, il s’adressa à ceux qui étaient là : « En vérité, je le comprends : Dieu ne fait pas de différence entre les hommes ; mais, quelle que soit leur race, il accueille les hommes qui l’adorent et font ce qui est juste. Il a envoyé la Parole aux fils d’Israël, pour leur annoncer la paix par Jésus Christ : c’est lui, Jésus, qui est le Seigneur de tous. Vous savez ce qui s’est passé à travers tout le pays des Juifs, depuis les débuts en Galilée, après le baptême proclamé par Jean : Jésus de Nazareth, Dieu l’a consacré par l’Esprit Saint et rempli de sa force. Là où il passait, il faisait le bien, et il guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du démon. Car Dieu était avec lui.

Alléluia.alléluia.
Aujourd’hui, le ciel s’est ouvert, l4esprit descend sur Jésus, et la voix du Père domine les eaux : « Voici mon Fils, mon bien-aimé ! »
Alléluia !

Evangile de Jésus Christ selon saint Mathieu (3, 13-17)

“Jésus arrivait de Galilée au Jourdain près de Jean pour se faire baptiser par lui. Jean s’y refusait : «C’est moi qui ai besoin de ton baptême, et toi, tu viens à moi !» Mais Jésus lui répondit : «Laisse faire pour le moment ; car il convient que nous accomplissions ainsi toute justice.» Alors Jean le laissa faire. Au moment où Jésus, baptisé, sortait de l’eau, voici que les cieux s’ouvrirent à lui, et il vit, tel une colombe, l’Esprit de Dieu descendre sur lui. Et du ciel une voix se faisait entendre : «Voici mon Fils bien-aimé, sur qui je porte mon affection.»”

Homélie :

“Jésus arrivait de Galilée au Jourdain près de Jean pour se faire baptiser par lui.”
Le temps de la Nativité s’achève par la célébration liturgique du Baptême du Seigneur. Durant près de trois semaines, l’Eglise s’est employée à manifester sa foi et son espérance dans le Fils de Dieu venu dans le monde pour rendre témoignage de la Puissance du Père et de son Amour infini envers les hommes. Le chant mélodieux des Anges la nuit de la naissance du Sauveur, l’adoration silencieuse mais grande et majestueuse des Mages, et aujourd’hui la voix du Père éternel qui se fait entendre lors du Baptême de son Fils, tout cela, l’Eglise le croit, et, en le croyant, elle le fait sien, pour la Gloire de Dieu et le Salut du Monde !
Lorsque Jésus vient pour se faire baptiser, il a environ trente ans. C’est ce que Saint Luc affirme : “Quand il commença sa mission, Jésus avait environ trente ans.” (Lc. 3, 23) C’est dans la logique des choses : à trente ans, l’homme est généralement mûr, et il est temps pour lui d’entreprendre quelque chose, s’il ne veut pas que sa vie soit ratée… Voulant être pleinement homme, comme vous et moi, afin de porter sur lui tous les péchés de l’humanité, Jésus attend ses trente ans pour agir enfin et se manifester à Israël. Il aurait pu le faire plus tôt, mais alors, où aurait été sa ressemblance avec nous ?
“Jean s’y refusait : «C’est moi qui ai besoin de ton baptême, et toi, tu viens à moi !»”
Jean sait fort bien qui est Jésus : l’Esprit de Dieu le lui a fait comprendre. Jean sait que Jésus est le Fils de Dieu, Celui qui est Trois fois Saint ! Alors, quand Jésus s’approche de lui pour être baptisé en signe de pénitence, Jean ne peut s’empêcher de s’écrier : “C’est moi qui ai besoin de ton baptême, et toi, tu viens à moi !” Car Jean sait que Jésus est venu pour baptiser lui aussi : “Celui qui m’a donné la mission de baptiser dans l’eau m’avait dit : Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et se poser, c’est lui qui baptise
dans l’Esprit-Saint.” (Jn. 1, 33) Vraiment, Jean est stupéfait de voir Jésus devant lui pour être baptisé, car, pour Jean, tout est clair : “Il faut qu’il croisse et que je diminue.” (Jn. 3, 30) Vraiment, pour Jean, pour nous, pour tout le monde, c’est un Mystère !
“Mais Jésus lui répondit : «Laisse faire pour le moment ; car il convient que nous accomplissions ainsi toute justice.» Alors Jean le laissa faire.”
Ce Mystère va aller croissant. Car Jésus va s’abaisser devant Jean-Baptiste, Dieu va s’abaisser devant un homme ! Bien sûr, Jean n’est pas n’importe quel homme : il s’agit de l’homme que Dieu lui-même a choisi pour une telle mission. Mais cela renforce la profondeur du Mystère : c’est Dieu lui-même qui veut s’abaisser devant un homme ! Or, tout ceci ne nous rappelle-t-il pas quelque chose ? N’avons-nous pas vécu cette histoire il y a peu de temps ? La dernière fois que nous nous sommes approchés de la Table du Seigneur pour communier à l’Eucharistie, n’avons-nous pas vu Dieu s’abaisser
devant nous ? N’avons-nous pas vu Dieu qui se laissait prendre en main, broyer par nos dents, et digérer par notre suc gastrique ?
Bien sûr, c’est Dieu qui l’a voulu ainsi. Bien sûr, il s’agit d’un sacrement, c’est-à-dire une réalité où le naturel se mêle au surnaturel. Mais quand même, quel Mystère ! Si Jésus a voulu s’abaisser devant Jean-Baptiste, n’est-ce pas pour nous élever jusqu’à
lui comme des frères et des soeurs d’un même Père ? Et si Jésus veut venir en nous par l’Eucharistie, n’est-ce pas pour nous faire participer à sa propre vie divine ? Par son Baptême, et par l’Eucharistie, Jésus veut nous associer à lui pour que nous accomplissions ensemble son Oeuvre, chacun ayant son action propre : Jésus accomplit son action divine de sanctification, et nous, nous accomplissons notre action humaine, surnaturelle, de foi en Celui qui est le Tout-Puissant.
Jésus s’abaisse devant Jean-Baptiste, et Jean baptise Jésus. Jésus s’abaisse devant nous dans son Eucharistie, et nous, nous croyons au Fils de Dieu présent réellement sous les apparences du pain et du vin. Chacun accomplit sa tâche en vue de la justice, afin que l’offense faite à Dieu par les péchés du monde soit effacée, et afin que notre foi, grâce à Dieu, nous obtienne la justification et la sainteté éternelle des enfants de Dieu ! “Laisse faire pour le moment ; car il convient que nous accomplissions ainsi toute justice.” (Mt. 3, 15)
“Au moment où Jésus, baptisé, sortait de l’eau, voici que les cieux s’ouvrirent à lui, et il vit, tel une colombe, l’Esprit de Dieu descendre sur lui. Et du ciel une voix se faisait entendre : «Voici mon Fils bien-aimé, sur qui je porte mon affection.»”
Cette manifestation de l’Esprit-Saint et de la Voix du Père, Jésus n’en a pas besoin : Jésus sait pertinemment qu’il est le Fils de Dieu, le Bien-Aimé du Père. Mais encore une fois, Jésus a voulu être comme nous, semblable à nous. Or, nous avons besoin de signes et de confirmations lorsque nous sommes confrontés à une épreuve de foi au Mystère de Dieu. C’est donc pour nous, et plus précisément pour Jean-Baptiste, que l’Esprit-Saint et la Voix du Père se sont manifestés. Cette apparition a conforté Jean-Baptiste dans sa foi en la mission que Dieu lui avait confiée. Nous aussi, lorsque nous recevons Jésus en nous lors de la communion, nous pouvons recevoir de Dieu, s’il le veut bien, des signes de sa présence…
Si Marie, la Mère de Jésus, était présente au pied de la Croix du Calvaire, alors que le voile du temple se déchira, que la terre trembla, que les rochers se fendirent, que les tombeaux s’ouvrirent, et que les corps de plusieurs justes ressuscitèrent, nul doute que Marie était également présente lorsque le Saint-Esprit apparut et que la Voix du Père se fit entendre… Demandons à Marie de comprendre un eu mieux ce Mystère du Baptême de son Fils : qu’elle intercède pour nous auprès de Jésus, afin que notre communion de ce jour nous rende saints et justes, pour la Gloire du Père, dans l’Esprit-Saint !

Père Daniel Meynen – http://homily-service.net
Site internet : http://communion.free.fr

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