Messe du 24 février 2002 -2ème dimanche du Carême

Lecture du livre de la Genèse (12, 1-4a)
Le Seigneur lui dit : « Pars de ton pays, laisse ta famille et la maison de ton père, va dans le pays que je te montrerai.
Je ferai de toi une grande nation, je te bénirai, je rendrai grand ton nom, et tu deviendras une bénédiction.
Je bénirai ceux qui te béniront, je maudirai celui qui te méprisera. En toi seront bénies toutes les familles de la terre. »
Abram partit, comme le Seigneur le lui avait dit, et Loth partit avec lui

Psaume 32
Seigneur, ton amour soir sur nous,
Comme notre espoir est en toi !
Ou bien :
Le Seigneur est fidèle en toutes ses œuvres.

Oui, elle est droite, la parole du Seigneur ;
Il est fidèle en tout ce qu’il fait.
Il aime le bon droit et la justice ;
La terre est remplie de son amour.

Dieu veille sur ceux qui le craignent,
Qui mettent leur espoir en son amour,
Pour les délivrer de la mort,
Les garder en vie aux jours de famine.

Nous attendons notre vie du Seigneur :
Il est pour nous un appui, un bouclier.
Que ton amour, Seigneur soir sur nous,
Comme notre espoir est en toi.

Lecture de la seconde lettre de saint Paul à Timothée (1, 8b-10)
Fils bien-aimé, avec la force de Dieu, , prends ta part de souffrance pour l’annonce de l’Évangile. Car Dieu nous a sauvés, et il nous a donné une vocation sainte, non pas à cause de nos propres actes, mais à cause de son projet à lui et de sa grâce. Cette grâce nous avait été donnée dans le Christ Jésus avant tous les siècles, et maintenant elle est devenue visible à nos yeux, car notre Sauveur, le Christ Jésus, s’est manifesté en détruisant la mort, et en faisant resplendir la vie et l’immortalité par l’annonce de l’Évangile.

Gloire au Christ, Parole éternelle du Dieu vivant, Gloire à toi, Seigneur.
Du sein de la nuée resplendissante, la voix du Père a retanti : « Voici mon Fils, mon bien-aimé, écoutez-le ! »
Gloire au Chrsit, Parole éternelle du dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur.

Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (17, 1-19)
“Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère et les conduisit à l’écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux : son visage prit l’éclat du soleil, ses vêtements devinrent lumineux de blancheur. Et voici que Moïse et Elie leur apparurent s’entretenant avec lui. Pierre prit alors la parole : «Seigneur, dit-il, c’est heureux que nous soyons ici ; veux-tu, je vais faire trois abris, un pour toi, un pour Moïse et un pour Elie.» Il parlait encore qu’une nuée lumineuse vint les couvrir ; et de cette nuée une voix disait : «Voici mon Fils bien-aimé ; j’ai mis en lui toute mon affection : écoutez-le.» A ces mots, les disciples tombèrent face contre terre, saisis d’effroi. Mais Jésus s’approcha d’eux, les toucha et leur dit : «Levez-vous, n’ayez pas peur.» Ils levèrent les yeux et ne virent plus que Jésus seul. “Pendant qu’ils descendaient de la montagne, Jésus leur fit cette défense : «Vous ne raconterez à personne ce que vous venez de voir, avant que le Fils de l’Homme ne soit ressuscité des morts.»”

Homélie :

“Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère et les conduisit à l’écart sur une haute montagne.”Chaque année, le deuxième dimanche de Carême, nous lisons le passage de l’évangile où Jésus est transfiguré devant ses disciples : Pierre, Jacques, et Jean. La première question qui vient à l’esprit est : pourquoi Jésus a-t-il voulu que seuls Pierre, Jacques, et Jean soient admis à contempler la Gloire de Dieu rayonnant sur le visage de son Fils Jésus ? La première réponse serait de dire que Dieu fait comme il veut, que nous trouvions cela juste ou pas. Dieu n’a pas de raison à nous donner. Bref, c’est un Mystère !
Pourtant la question est significative. Car, quelques jours plus tôt, Simon vient d’être définitivement appelé “Pierre” par Jésus et établi comme le roc et le fondement de son Eglise (cf. Mt. 16, 18). Donc, le choix de Pierre pour suivre Jésus sur la montagne de la
Transfiguration va dans la logique de son élection à la tête de l’Eglise. D’ailleurs, Pierre a été très fortement marqué par cette événement ; il en a parlé longuement dans sa deuxième épître (cf. 2 P. 1, 16). Pourquoi tout cela ? Parce que le Mystère de la Transfiguration, c’est le Mystère même de l’Eglise…”Et il fut transfiguré devant eux : son visage prit l’éclat du soleil, ses vêtements devinrent lumineux de blancheur.”
Le Christ est la Tête de l’Eglise, comme le dit Saint Paul (cf. Eph. 5, 23). Et l’Eglise est le Corps du Christ (ibidem). Nous avons donc une Tête, et nous avons donc un Corps. Une Tête et un Corps qui ne forment qu’un seul et unique Mystère : celui du Christ Total, comme l’appelle Saint Augustin. Or, dans le Mystère de la Transfiguration, c’est ce Mystère du Christ Total qui apparaît ! Ainsi, lorsque Jésus st transfiguré, tous deux, le Christ et l’Eglise, deviennent lumière dans le Seigneur : le Christ en tant que Tête prend “l’éclat du soleil”, et l’Eglise en tant que Corps devient “lumineuse de blancheur”!
Comme vêtement du Christ, l’Eglise est portée par le Christ : soutenue par la grâce de Dieu reçue dans le Christ, l’Eglise devient lumineuse de blancheur, participant de la Gloire du Fils de Dieu. Déjà, bien avant l’heure de la Passion, l’Eglise brille de la splendeur de la grâce de Dieu ! Comme si jamais l’Eglise n’avait péché… Comme si
l’Eglise était déjà sainte et immaculée (cf. Eph. 1, 4) ! Bref, comme si l’Eglise n’était autre que la Vierge Marie en personne, puisque, à cette heure, avant la Passion de Jésus, seule la Vierge Marie est pure de tout péché…
“Et voici que Moïse et Elie leur apparurent s’entretenant avec lui.”Pourquoi Moïse et Elie apparaissent-ils ? Pour plusieurs raisons. Mais la principale, c’est que l’un et l’autre, en tant que représentants respectifs des Légistes et des Prophètes, ont vu Dieu face à face et lui ont parlé sans mourir… Quand Moïse s’entretenait avec Dieu, il n’osait pas le regarder, de peur de mourir (cf. Ex. 3, 6 – Gn. 32, 31) Quand Elie eut terminé sa mission sur terre, il fut enlevé au Ciel, pour voir Dieu, sans passer par la mort. Bref, ces deux personnages, chacun représentatif d’un des deux modes par lesquels le Seigneur nous enseigne ses voies, nous invitent à penser que ce Mystère de la Transfiguration échappe absolument à la mort, et donc aussi au péché, puisque la mort est la première conséquence du péché… Autant dire que Moïse et Elie nous invitent aussi à penser que ce Mystère est celui de Marie Immaculée !
“Pierre prit alors la parole : «Seigneur, dit-il, c’est heureux que nous soyons ici ; veux-tu, je vais faire trois abris, un pour toi, un pour Moïse et un pour Elie.» Il parlait encore qu’une nuée lumineuse vint les couvrir ; et de cette nuée une voix disait : «Voici mon Fils bien-aimé ; j’ai mis en lui toute mon affection : écoutez-le.»”
Pierre est bien le témoin principal de ce Mystère. C’est lui qui prend la parole lors de l’apparition de Moïse et d’Elie. Mais, en fait, il ne sait pas très bien ce qu’il dit : il est un peu perturbé par cette atmosphère inhabituelle (cf. Lc. 9, 33). Il est un peu comme nous… Ou plutôt, nous sommes un peu comme lui… Car nous sommes de pauvres pécheurs, et ce Mystère de pureté et de grâce, où même la mort n’a pas sa place, nous déroute et nous laisse pensifs… Combien de fois Pierre, et nous avec lui, n’a-t-il pas dit à Jésus : “Seigneur, retire-toi de moi, car je suis un pécheur” (Lc. 5, 8) ?
Pourtant Pierre est bien là ! Il n’en croit pas ses yeux ! Moïse et Elie ! Avec Jésus ! Alors, Pierre n’hésite pas, et il déclare : “Seigneur, c’est heureux que nous soyons ici !” Quand le merveilleux entre dans notre vie, ne sommes-nous ébahis et surpris ? Mais avons-nous encore conscience du merveilleux qui est dans notre vie ? Lequel, me direz-vous ? Tout simplement, le seul fait de participer à cette Eucharistie dominicale : quel merveilleux moment que celui où Jésus s’offre en sacrifice à son Père sous les espèces du pain et du vin, afin que nous aussi nous puissions nous offrir comme des victimes pures et sans taches ?”… de cette nuée une voix disait : «Voici mon Fils bien-aimé ; j’ai mis en lui toute mon affection : écoutez-le.»”Aujourd’hui encore, cette parole du Père retentit dans l’Eglise, chaque fois que le prêtre présente l’hostie consacrée en disant : “Voici l’Agneau de Dieu !” Voici donc le Fils de Dieu, voici la Tête de l’Eglise ! Voici le moment venu où le Corps du Christ va recevoir sa Tête pour ne faire plus qu’un seul Mystère, un Mystère de Vie, un Mystère où le péché et la mort ne sont plus ! “Voici la tente de Dieu chez les hommes ; il partagera sa tente avec eux, ils seront son peuple, et Dieu sera lui-même avec eux. Il essuiera toute larme de leurs yeux ; il n’y aura plus de mort, il n’y aura plus de deuil ni cri ni peine, car la condition primitive est passée.” (Ap. 21, 3-4)

Père Daniel Meynen – http://homily-service.net
Site internet : http://communion.free.fr

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